SYNIGL ASBL
Avenue Cathedrale, Bukavu, Sud-Kivu,RDC
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06 Apr 2020

A ennemi commun, guerre commune : Coronavirus  nous invite à adapter et à innover notre stratégie !

«  Nous sommes en guerre… » : Ainsi se sont exprimés la plus part des dirigeants de cette terre face à une des pandémies les plus meurtrières de notre histoire !

Il va s’en dire que dans cette guerre où  personne jusque-là n’est épargné, les cerveaux à l’unisson doivent bouillir au quotidien et sortir finalement des réponses qui sauvent l’Etre Humain et l’humanité entière.

Les Nations de pays les plus développés au monde guerroient depuis plusieurs mois contre un petit virus à multiples facettes dont les capacités de nuisance ont visiblement étaient sous-estimées. Immanquablement, les conséquences de cette attitude condescendante vis-à-vis de ce minuscule être vivant  sont si profondes qu’elles ne sauront être oubliées plusieurs décennies après !

Pendant ce temps les pays en développement, particulièrement l’Afrique, sont quasiment restés à compter sur la providence dans l’espoir que le monde des virus refuserait sans doute le visa d’entrée à un petit qui  s’invite et s’improvise à l’heure où on l’attend le moins !

Hélas, inéluctabilité, imprudence, négligence, distraction ou porosité des frontières ; il les a finalement traversées et depuis, chaque jour on compte au moins un nouveau cas, un nouveau pays infesté.

Plus de 686.514 cas d’infections  dont 46.436 décès, 193.431 guéris dans le monde, 109 en RDC dont déjà 9 décès et 3 guéris : la frayeur  et la désolation sont très grandes !

Au Sud-Kivu deux cas sont détectés depuis trois jours ; la psychose et la panique, malheureusement, gagnent les esprits.

Jusque-là, l’Afrique paraissait épargnée. Mais l’évolution actuelle donne à craindre. Ou la Providence l’épargne ou elle sera le bastion d’un dernier combat  où la perte en vies humaines risque d’être la plus lourde de l’histoire de la terre. Les projections de l’OMS n’en a pas dit  moins ; les morts risquent d’être comptés par millions en Afrique.

Ainsi, l’ère n’est plus à la distraction ou à des tergiversations irresponsables.

Les approches qui tendent à monopoliser les actions sont très périlleuses et une très grande mobilisation des ressources s’impose. Des ressources humaines, matérielles, financières et logistiques devaient être- il n’est pas trop tard –  intelligemment et de manière cohérente pensées et bien rangées. Les acteurs doivent éviter d’aller en ordre dispersé !

Il y des situations à déplorer :

  • D’un côté, au Sud-Kivu et peut-être encore ailleurs dans notre pays, des personnalités, d’individus, des services et des structures se disputeraient les lead ou voudraient prendre l’exclusivité des actions de lutte. Au lieu de se concentrer à l’urgence sanitaire qui s’impose, certains y verraient plutôt d’opportunités à un nouveau positionnement. Entre temps, personnes d’entre ceux et celles qui se bagarrent n’est vraiment certain qu’il en survivra ! Bien qu’il ne tue pas, il y a lieu d’éviter la honte du ridicule ! Sans une stratégie coordonnée et organisée  de suppression de la transmission du virus, le risque de propagation est bien réel, la maladie pourrait atteindre   60% de la population mondiale. A-t-il reconnu le secrétaire général de nations-unies dans une interview accordée sur France 24.
  • De l’autre côté, certains esprits sont restés cyniques et pessimistes. Tout est relativisé, une marée d’informations parfois insensées sont diffusées dans les réseaux sociaux, passent de téléphone en téléphone, de computer en computer, désinforment l’opinion public au très grand risque de fragiliser tous les mécanismes de prévention et de protection jusque-là proposés. On s’évertue, malheureusement, même, sans respect, à exposer des images des personnes dites victimes au mépris de leur droit à la dignité, à la confidentialité. Ceux et celles qui les font le justifient, à tort, par le fait qu’ils veulent alerter d’autres personnes qui sont entrées en contact avec elles afin d’aller se faire dépister. Elles ignorent que le stress, la dépression, la sous-estime de soi, etc. qui peuvent en venir sont susceptibles de fragiliser l’immunité de ces individus. Ce comportement doit être absolument évité et découragé.
  • Enfin, le contexte de misère dans laquelle la grande majorité de la population de la RDC vivent depuis près de deux décades rivalise avec les mesures de barrière à la transmission du coronavirus. La stratégie de riposte se confronte à la précarité de la vie d’une population vivant du secteur de l’informel et à la faiblesse des mesures d’accompagnement dont elle a besoin pour se conformer totalement à certaines directives !

Le consortium SYNIGL – RAMIS invite toutes les parties prenantes : population, structures sanitaires, autorités publiques, services de sécurité,  organisation de la société civiles, ONG nationales et internationales à regarder dans la même direction, à conjuguer les efforts et à réfléchir sur une stratégie de lutte efficace et adaptée. Certains défis imposent de l’innovation dans la pensée et le rejet des attitudes attentistes où plus d’une personne pensent que les réponses appropriées doivent sortir d’ailleurs. Dr Patient Wimba, membre du Consortium SYNIGL – RAMIS, Directeur des Cliniques universitaire de Bukavu et en spécialisation en épidémiologie, gestion des risques et catastrophes sanitaires estime qu’il est temps, en certains cas,  de penser aux solutions efficaces locales et de mobiliser le public à se les approprier : «  Compte tenu de notre contexte, à un certain moment le confinement va peser lourd sur les populations et va être difficile à être complètement observé. Le port généralisé des masques viendra s’imposer en termes d’alternative efficace en réponse à une telle situation. Ces masques manquent actuellement même aux pays où nous espérions le trouver. Il faut donc absolument les produire localement. Au Sud-Kivu  le Consortium SYNIGL – RAMIS, avec des moyens de bord, a donné le ton avec jusqu’à présent la production localement de plus de 1500 masques accompagnés des messages de sensibilisation de nos populations. Je recommande avec insistance que la production de ces masques dont l’efficacité ne présente aucun doute soit encouragée et que les populations les utilisent lors des déplacements, des rencontres et des visites à risque. »

En effet une équipe membre du Consortium composée d’une femme biologiste, des 3 médecins,  d’un informaticien et   des deux juristes a conçu, produit et distribue, à ses frais, des masques de protection qu’elle juge efficace et respectueux des normes. La distribution de ces masques est chaque fois accompagnée des messages des sensibilisations des utilisateurs. L’Equipe est convaincue de l’efficacité de l’action de la lutte contre coronavirus et  monte progressivement un programme de distribution des Kits d’hygiène, d’information, de mobilisation communautaire comprenant à la fois des séances de coaching des membres du monde sanitaire.

En réponse à notre contexte, le consortium pense :

  • Qu’à l’image du « Plan Blanc » des Français, il sera crucial d’intégrer les activités de structures de soin existant.
  • Qu’il faille mobiliser tout le personnel possible (Médecins en activité, ceux mobilisables en training et, si nécessaire, les médecins stagiaires, Infirmiers et techniciens d’anesthésie)
  • Que la stratégie sera optimale si elle se base sur les structures existantes (Hôpitaux et Centres de Santé)
  • Que penser créer un « Centre Dédié » serait non seulement Chronophage et budgétivore, mais risque d’exacerber la stigmatisation. Aucun pays n’a fait recours à cette méthode, excepté la Chine (une prouesse que personne d’autre n’a essayé de reproduire)
  • Qu’on ne peut pas planifier CoVID-19 comme on l’a fait pour Ebola, car ces pathologies sont totalement différentes (Contagiosité, létalité…).

Nous demandons en outre à toute la population du Sud-Kivu et de toute la RDC d’être très prudente et de ne pas prêter oreille à la désinformation et aux messages qui manipulent les esprits, exposent les corps aux stresses et à l’anxiété qui les rendent plus vulnérables en réduisant leurs capacités de résistance à l’infection. Il faut observer scrupuleusement et sans conditions préalables les mesures d’hygiène, les gestes élémentaires de prévention et de protection (se laver couramment les mains au savons où à la cendre, désinfecter chaque fois les mains, les téléphones, les sacs à mains, les portes (maisons, bureaux), les portières des voitures ect,  laver les aliments crues avant de les manger,  toujours  laver et toujours repasser les habits avant de les porter, désinfecter les literies, consommer des aliments qui renforcent le système immunitaire,  pratiquer des exercices physiques, relaxer l’esprit et éviter les stress, éviter des sorties sans extrême nécessité, prendre particulièrement soins des personnes âgées et des enfants, utiliser les masques de protection.

Le Consortium SYNIGL – RAMIS vous produisent des masques individuels des qualités en tissu lavables et réutilisables. 

 

vous pouvez téléchargez les articles en anglais aussi et français

11 Jul 2019

Des réponses satisfaisantes aux demandes du peuple Pygmée sont une urgence qu’imposent la protection de l’écosystème du PNKB et la cohésion sociale des communautés qui l’entourent !

Au mois de mai, SYNIGL avait alerté sur les risques d’exaspération du conflit entre l’ICCN et les pygmées au tour du Parc National de Kahuzi Biega

Le mardi 11 juin à Bitale, un staff Synigl a eu une série d’échanges avec des membres des communautés bantous et Pygmées en vue de s’acquérir de l’évolution d’un conflit qui menace dangereusement aussi bien les vies humaines que la vie de cette aire protégée qu’est le Parc national de Kahuzi Biega.

Des membres du Comité Local de Protection (LPC) et des responsables des familles pygmées interrogées ont peint un tableau qui s’assombrit davantage :

  1. Un essaie des solutions infructueuses
  • Une rencontre, en recherche des solutions, a eu lieu en avril entre les représentants des Pygmées et les autorités de l’Institut Congolaise pour la conservation de la nature (ICCN). Au sortir de la rencontre, les pygmées non convaincus auraient déchiré la copie du document contenant les engagements et les solutions discutés à l’issue de la rencontre. Un sabotage flagrant des promesses qu’ils considèrent fallacieuses et auxquelles ils disent ne plus croire ! En conséquence ils ont décidé une réinstallation et une exploitation systématique et sans pitié d’un parc qu’ils estiment être leur propriété privée arrachée injustement par les pouvoir à travers l’ICCN. Abattage illimité d’arbres, braconnage difficile à contenir par l’ICCN sont au rendez-vous. Désormais les pygmées associeraient des bantous à ces activités pour montrer à l’opinion qu’il s’agit  maintenant plutôt d’une guerre Pygmées et alliés Bantous contre l’ICCN. Pendant ce temps, d’autres membres de la communauté bantous disent être pris au piège. Dans la difficulté pour l’ICCN de distinguer actuellement les produits issus d’une exploitation illégale du Parc des produits en provenance des domaines privés de Bantous, il se mettrait à arrêtés des personnes et à saisir des biens qui viendraient plutôt de leurs propriétés privées ! Cela fâche et crée davantage des remous !

«  … Chaque fois que nous voulons évacuer les planches et nos sacs des braises exploitées légalement de nos bois, ils s’interposent, nous arrêtent et nous ravissent nos produits…ils disent que nous sommes complice de l’exploitation illégale faite par les pygmées… ils veulent en profiter seulement pour nous appauvrir et jouir à notre place de notre richesse. S’ils veulent la guerre avec tout le monde alors qu’ils continuent à nous faire du mal…. »

  • Au début du mois de Juin, un mandat d’arrêt serait lancé par le parquet de Bukavu contre Mr Kasole, le représentant des pygmées vivant à Kalonge et qui serait en train de vivre en clandestinité depuis lors. En revanche, une marche pacifique pour demander l’annulation par le parquet dudit mandant était programmée par les Pygmée pour le 23 juin 2019 à Kalonge. A travers cette marche, les peuples Autochtone (Pygmées) voulait, en même temps, introduire une plainte contre l’ICCN pour le meurtre de leur frère Matabishi Masumbuko, tué par les éco-gardes en date du 23 avril 2019 à Kalonge.

Mais le 13 juin pendant qu’ils étaient en pleine préparation de leur marche, les pygmées vivant dans le camp Bujoka à Garashomwa, vers Biega sur la limite entre Kalehe et Kabare, avaient été attaqués par les éco-gardes  venus de KASIRUSIRU. Ces gardes auraient tiré à balles réelles sur le peuple pygmée. Un pygmée, Mr Mudekereza Shamavu a  été grièvement blessé tandis que les autres Pascal, Gervais, Burhalike Budanga, Kulimushi Mupenda, Rwamikundu, Murama, Nyamirhere et Nyamuluka avaient été conduits à une destination inconnue par lesdits Gardes. Les maisons des pygmées avaient été sérieusement détruites et pillées.

Le 20 juin, la marche a quand même eu lieu. Elle est partie du Centre Mumoga à Kalonge via le centre d’encadrement administratif de Cifuzi et a fait son point de chute à la PNC  de Kalonge. Les Pygmées ont déposé leur Memo aux autorités locales du centre d’encadrement administratif et de la police nationale congolaise(PNC) mais ils se plaignent du fait que jusqu’à ce jour, ils n’ont reçu aucun feedback. Toutes les parties vivent dans la suspicion et la méfiance réciproque !

Les individus Pygmées enlevés par les gardiens du Parc  le 14 juin n’avaient été relâchés que trois jours après(le 17). Mais leur membre gravement blessé n’a quitté l’hôpital qu’il y a seulement trois jours, avec des blessures qui doivent continuer à être soignées en ambulatoire ! Ce mois de juillet connait une certaine mais trop fragile accalmie !

  1. Fil de discorde

Notre précédant article l’explique d’avantage, le PNKB (Parc National de Kahuzi Biega) est la source de ce conflit entre ICCN et le peuple pygmée (https://synigl.org/blog/de-linjustice-et-de-la-marginalisation-a-la-haine-de-la-haine-et-la-guerre/). L’ICCN se dit être dans le devoir de protéger ce magnifique patrimoine mondial alors que le peuple Pygmée, lui, le revendique. Le parc serait l’environnement adapté à leur mode de vie, hérité de leurs ancêtres. Ce conflit s’étend actuellement au peuple bantou au regard des plusieurs abus qui seraient causés par les pygmées aux biens des bantous. Face aux hectares des terres du Parc que les pouvoirs avaient ravis aux Pygmées pour de raison de conservation, ces derniers exigent : une autre terre, la construction de leurs logements, des facilitations pour leur intégration socio-économique, la considération et même la représentativité dans les espaces de prise des décisions à tous les niveaux !

Les pygmées pensent que l’ICCN ne respecte pas ses engagements en guise de concession (disponibiliser une autre terre pour les pygmées, construire leur logement, faciliter leur intégration socio-économique, les considérer et agir dans le sens à ne pas les déconnecter de leurs racines culturelles ect)

  1. Pourquoi la réponse devient urgente et impérieuse

La cohésion pacifique entre les parties prenantes est totalement menacée et son impact négatif se dessine déjà et sur l’objet du conflit (PNKB), et sur les communautés. Déjà il y a eu des morts, des blessés graves, du kidnapping, du braconnage de grande envergure, de l’exploitation illégale du bois et des minerais dans le pacs par les Pygmées en complicité avec des individus de la communauté bantou ; une réinstallation des Pygmées dans le domaine du Parc etc.

Attention : les pygmées (Bambuti) seraient actuellement en train de sensibiliser leurs communautés rependues dans tous les coins riverains du PNKB (Kalonge, Bitale, Miti, Kavumu, katana etc. de s’apprêter à se réinstaller massivement dans le PNKB selon un mot d’ordre qui sera donné incessamment.   En attendant, la réinstallation,  l’exploitation illégale du bois, des minerais et le braconnage par les pygmées en complicité avec certains bantous continuent progressent à grands pas !

L’Histoire de la RDC, même encore la plus récente, a des traces encore très chaudes de la tristesse laissée par une très mauvaise gestion des conflits entre les Pygmées, les services de l’Etat et les autres communautés ! A titre illustratif, le conflit entre les Pygmées et les Lubas dans la Province du Tanganyika vers la fin de 2016 avaient enregistré au moins 400.000 déplacés malgré un gigantesque déploiement de l’armée dans la localité de Manono. Ils revendiquaient jouir des mêmes droits que leurs voisins bantous, être représentés au parlement, avoir l’accès à la terre, n’être plus harcelés par des taxes coutumières. Un peu  avant juillet 2016, la mort d’un chef coutumier Pygmée dans la localité de Manono avait justifié un red qui a tué 40 personnes et fait une centaine des blessés[1] ! Alors qu’entre juillet et la fin de la même année, Monusco (radio Okapi) avait rapporté 150 morts malgré les menaces du Gouverneur Kitangala à arrêter tous les instigateurs qui incitaient les gens à la Haine et à la tuerie !

NB : Un comportement responsable des pouvoirs en RDC, des toutes les parties prenantes aux conflits entre les Pygmées, les bantous et l’ICCN au Sud-Kivu peut nous éviter le pire. Dans notre Pays, malgré les signes qui ne trompent pas de survenance d’un grand risque, les pouvoirs attendent parfois qu’arrive le pire pour enfin agir trop tard. Synigl avait alerté sur le contexte des alentours du Parc toujours écumé des groupes armés. Kalonge est le carrefour de rencontre des groupes armés, les armes circulent et n’importe qui peut profiter de l’opportunité qu’offre une telle situation pour faire n’importe quoi ! L’Alerte est au maximum !

  1. Quelles recommandations ?

Les essaies des solutions jusques là imaginées sont demeurés très chancelants ! Avant la fin de 2018, il avait été  demandé à Mwami Kabare de suggérer à l’Etat des espaces disponibles pour  délocaliser les Pygmées,… Mais il s’agit là d’une solution à laquelle il n’a pas encore répondu et  qui ne prend, certainement pas, en compte certaines dimensions importantes du conflit. Les délocaliser sur un terrain, à lui seul, ne suffit pas ! Le Mwami, que les Pygmées considère juge et partie au vue de sa position avec les pouvoirs et en tant que protecteur des intérêts du peuple bantou ne peut qu’être débordé par un tel conflit. Sa bonne foi nécessite une conjugaison d’autres efforts. Il faut un autre regard !

  • Dans un premier temps:
  • l’ICCN doit se garder des gestes provocateurs et privilégier davantage le dialogue
  • le Mwami, en plus du besoin d’une délocalisation soutenue, devra soutenir les efforts visant à encourager la collaboration et la cohésion sociale entre les Pygmées et les bantous. Il pourrait assurer une conjonction entre les Pygmées et l’ICCN en même temps.
  • Les pouvoirs publics et particulièrement les ministères qui ont la protection de l’environnement, les affaires intérieures doivent s’engager activement et de manière concrète dans la résolution du conflit Pygmées-Bantous-ICCN. Notre vie dépend de la protection de l’Ecosystème du PNKB mais il sera difficile de l’assurer si des réponses alternatives et efficaces ne sont pas fournies aux demandes légitimes des Pygmées et des communautés au tour du Parc.
  • De manière pérenne:
  • Il faut un programme holistique et musclé d’activités d’accompagnement et d’éducation des communautés qui doit inclure des actions spécifiques en faveurs des Pygmées. Il faut un travail harassant capable d’opérer des changements significatifs sur les mentalités et les comportements aussi bien des peuples pygmées que des leurs voisin bantous. La réussite d’un tel programme devrait amener ces communautés à devenir dans l’avenir les meilleurs gardiens de cette aire protégée.
  • Il faut une analyse concertée, participative capable des ressortir clairement les besoins au tour du conflit, les causes profondes et leurs conséquences présentes et futures. Elle devra amener à des propositions concrètes des solutions durables. Le conflit sur le PNKB perdure par le fait qu’on le survole, on l’attaque en surface et personne n’a jusques là osé l’aborder dans ses profondeurs !
  • Dans la recherche de solution, on ne tient pas encore jusque-là compte de la nécessité à ne pas complètement déconnecter les pygmées des aspects importants de leur réalité, des leurs valeurs culturelles. On veut opérer des mutations brusques qui aboutissent à des frustrations. Il est nécessaire d’innover et de penser à des approches qui les rencontrent dans leur «  moi » si l’on se veut être efficace. Rapidement, de petits forums des dialogues francs entre les parties prenantes devaient déjà commencer à circonscrire la pensée.

Bukavu, le 11 juillet 2019

 

[1] Reportage à Manono par Sonia Rolley pour la RFI  le 21 janvier 2017

18 Apr 2019

L’accès a l’eau, un besoin réel pour la population de la RDC

L’eau c’est la vie, dit-on. Cependant, cela semble n’est pas être applicable en RD Congo où les populations continuent miraculeusement à vivre sans eau aussi amèrement que cela puisse être.

Et pourtant le pays en regorge une potentialité non négligeable sur l’échiquier mondial. Avec son hydrographie, la RDC est capable de fournir suffisamment de l’eau à toute l’Afrique. Paradoxalement, aussi incroyable que cela puisse paraître, la pénurie en eau reste un défi quotidien pour toute la population congolaise. Voir de l’eau couler de son robinet n’est pas une habitude et pourtant les factures de la Regideso (société nationale de l’eau) pour des services non consommés en eau n’enregistrent aucun retard.

En ville comme au village, la population peine pour accéder à l’eau et cela impacte négativement la vie quotidienne de la population. Au village, les jeunes filles doivent parcourir des dizaines des kilomètre pour puiser de l’eau à leurs risques périls. En ville, les jeunes filles se réveillent très tôt le matin, entre une heure et deux heures du matin, pour finalement rentrer à la maison avec vingt litres d’eau vers six heures. Une fois à la maison, au lieu de se reposer, ces jeunes filles prennent directement la route pour l’école car au-delà des tâches domestiques elles doivent aussi aller à l’école pour apprendre et devenir compétitives à l’instar des jeunes garçons autour d’elles. Le fait de passer régulièrement des nuits à l’air libre sans sommeil impacte négativement leur parcours scolaire. Non seulement elles voient leur parcours scolaire gâché, aussi ces jeunes filles sont-elles souvent victimes des multiples violations telles que le viol, harcèlement sexuel, torture physique, humiliation, grossesse précoces, kidnapping, noyade, etc

La société nationale de l’eau” Regideso” ne cesse de promettre de donner le meilleur d’elle même pour surmonter ce défi et cela prend des décennies. Certes qu’il Ya des très rares moments où la population voit quelques gouttes d’eau couler de certains robinets bien que toujours d’une manière discriminatoire.  Cependant, la question reste de savoir quelle en est la qualité et la distance pour y accéder. Dans la ville de Bukavu, la population parfois passe trois semaines sur quatre sans voir l’eau couler de leurs robinets et si elle coule, cela seulement trop tard dans la nuit obligent les membres de familles à veiller, à tour de rôle, pour s’assurer qu’on n’a pas loupé l’occasion. Quant à la qualité, très souvent cette eau n’est pas différente des eaux du torrent. Ceci est dû par le fait que les installations conduisant ces eaux datent des années cinquante et suintent de partout   que les eaux de pluie s’y infiltrent facilement. La science nous dit que l’eau potable est incolore, la Regideso ne cesse de convaincre que ce n’est pas la couleur qui détermine la non potabilité de l’eau et invite ses clients à consommer l’eau fournie par elle malgré son état coloré. Par conséquent, les structures sanitaires ne cessent d’enregistrer des cas de maladies comme la choléra, typhoïde, diarrhée, etc.   Malgré la rareté et la mauvaise qualité de cette eau, la population doit toujours parcourir plusieurs kilomètres pour en obtenir.              .

Du côté des dirigeants, un silence radio se fait remarquer et trouvent la situation très normale car contempler le mal sans punir témoigne leur complicité. Que le peuple manque de l’eau, cela semble n’est pas être leur affaire. Et pourtant l’accès aux services sociaux de base de qualité reste un droit pour tout citoyen et un devoir pour les dirigeants. Que les défenseurs des droits humains parlent et manifestent, leur sort reste la brutalité policière conduisant parfois à des interpellations voire à des incarcérations.                                                .

Pour nos familles, accéder à l’eau c’est aussi offrir un avenir radieux à nos jeunes filles. C’est aussi garantir la sécurité de tous les membres de la famille, spécialement celle des filles et des femmes, c’est augmenter au moins trois heures de sommeil aux jeunes filles, c’est aussi stabiliser leur cursus scolaire aujourd’hui menacé par des absences intempestives dues à la pénurie d’eau sur toute l’étendue nationale.                                            .

À ce moment où nous cheminons vers la saison sèche, nous voudrions encore interpeller nos autorités et leur demandons de prendre cette problématique avec une attention très particulière. Il est vrai que leur situation financière leur permet de contourner ce défi dans leurs familles mais point n’est pas la réalité pour le reste de la population.  Beaucoup de familles sont restées sans enfants par ce que tous leurs enfants ont été noyés dans le lac pendant la quête d’eau, spécialement pendant les périodes de saison sèche. Nombreux sont les jeunes qui sont restés handicapés à cause de manque d’eau, d’autres ont vu leur jeunesse gâchée par ce que violées et ou devenues mères précocement suite à ce même phénomène.

La Population RD Congolaise peut tout manquer mais pas l’eau…  La souffrance de celle-ci déborde les limites quant à ce. L’heure a sonné que les hommes et les femmes Congolais(es) accèdent facilement aux services sociaux de base de qualité et cela d’une manière équitable, participative et inclusive.